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Evaluer son quotient intellectuel...

Sciences et Avenir s'était posé la question il y a quelques années. Et notre journaliste Elena Sender était allée assister, en 2008, à la réalisation de ces tests par des professionnels, à Paris. Voici son récit, publié à l'époque :


Quand la psychologue ouvre la porte, la "mallette" est déjà là, posée sur la table. Tous les psychologues ont la même. C'est la valise brevetée de tests de QI Wechsler. Rien à voir avec les évaluations que l'on peut bâcler en trente minutes sur Internet. Ce "vrai" test de QI comporte dix unités d'exercices, il s'accomplit en plusieurs heures, sur une, deux voire trois séances, véritable marathon éreintant pour le cerveau. De cette valise en cuir marron sortira une valeur déterminant votre niveau d'intelligence par rapport à la population générale.


Dépister les enfants "surdoués"

La psychologue explique : "Il y a en ce moment une recrudescence de consultations pour une évaluation du QI. La grande majorité des demandes provient de parents qui désirent savoir— c'est la nouveauté — si leur enfant est 'surdoué' car il a de mauvais résultats à l'école, est indiscipliné, s'ennuie en classe, ou est très brillant." L'enfant passe alors le Wechsler Intelligence Scale for Children (WISC), le test adapté aux enfants. Le "surdon" correspond à un QI supérieur à 130, selon la définition admise par beaucoup de psychologues. Malgré l'avalanche de requêtes, seuls 2,2% de la population entrent dans cette catégorie. Pour les adultes, c'est le Wechsler Adult Intelligence Scale (WAIS) qui prévaut. Première épreuve : les cubes.


La Recherche. Réduire l'intelligence au seul QI serait une erreur, comme il est expliqué dans l'article "le QI, mesure pertinente mais incomplète" du magazine La Recherche, disponible en ligne. D'autres composantes, comme la créativité, sont essentielles. Les psychologues l'ont bien compris : ils tentent de prendre en compte et de mesurer ces autres formes d'intelligence.


La psychologue montre un modèle de construction à reproduire et déclenche le chronomètre. "L'exercice mesure la vitesse visiomotrice et la capacité d'analyse de l'espace", affirme-t-elle. La pression monte. Les figures se compliquent. Trop tard, le temps imparti est écoulé. La psychologue fait des annotations sur des grilles complexes, les épreuves s'enchaînent. Il s'agit à présent de répéter une série de chiffres qu'elle dicte pour évaluer la qualité de la mémoire à court terme et de la mémoire de travail.

Suit l'identification de concepts sur des imagiers, puis le remplissage de pages de codes en deux minutes pour évaluer la vitesse de traitement de l'information... Les méninges sont en ébullition, le stress de l'examen fait perdre un peu ses moyens. Et si l'on tombe sur un os, la psychologue soutient, rassure mais n'influe pas sur le déroulement du test. Celui-ci est, en effet, codifié dans un manuel qu'elle garde à portée de main. Chaque consigne orale doit suivre un protocole strict, identique à celui dans lequel le test originel a été étalonné, afin que le résultat prenne toute sa valeur statistique.


Le QI : une dérivée de "l'âge mental"

Car le QI n'est pas une "quantité d'intelligence" absolue innée mais une donnée statistique. Cette notion est centenaire. En 1905, Alfred Binet, psychologue français, est chargé par une commission ministérielle de trouver un moyen de dépister les enfants incapables de suivre le rythme scolaire habituel. Inspiré par les travaux de Charles Spearman et son facteur d'intelligence générale "g", il établit la notion d'âge mental avec un autre psychologue, Théodore Simon. La théorie : à chaque âge correspond un nombre de tâches réussies dans certains domaines, verbal, mathématiques, raisonnement spatial, etc. À 7 ans, par exemple, un enfant est censé résoudre des problèmes prévus pour des enfants de 7 ans et échouer à ceux conçus pour ceux de 8 ans. Les individus ont donc un âge mental concordant ou non avec leur âge réel.



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